Le Vieux Alt n’a jamais été un grand fan du sieur Alexis de Tocqueville mais bon, je dois admettre que ce bon libéral science po-compatible bien lisse avait la classe pour trouver des titres qui en jettent. Le Vieux Alt, bien moins créatif, s’en va donc utiliser son ouvrage le plus fameux pour en faire un titre foireux (on commence fort ce matin)
J’ai déjà eu l’occasion de diretout le mal que je pensais vous faire part de mon appréciation de l’action du gouvernement de Jean Marc Schmidt et je voulais varier la teneur des articles sur ce blog. Cependant il faut bien reconnaitre que celui-ci ne nous laisse pas l’occasion de ne pas parler de son (in)action ; et ce ne serait-ce même qu’une seule semaine. Et donc nous allons nous mettre on the road again vers les sommets de l’analyse de la sociale-démocratie (ou pas).
Un accord qui fait rire Jaune le Vieux Alt
Il y a donc de cela presque une semaine un accord historique a été « trouvé » (comme par magie) entre les organisations patronales et les syndicats, minoritaires, que sont la CGC, la CFTC, et la CFDT. Disons le tout de go, même avec les réformes de la représentativité (loi du 20 aout 2008) l’accord n’a rien d’illégal. C’est sa légitimité que l’on peut remettre en cause ; et c’est surtout l’arbitrage unilatéral que souhaite imposer le gouvernement, la majorité du PS et les groupes socialistes et apparentés des chambres parlementaires (on notera au passage que les rapporteurs de la loi seront les présidents des deux groupes respectifs ; c’est dire si à Solfé et à Matignon on veut aller vite tout en marquant le coup sur ce sujet). Il est ainsi prévu que la loi retranscrive à la virgule près cet accord. Ainsi, et nonobstant le deuxième outil, politique cette fois ci, dont dispose la gauche pour peser sur l’organisation de la société, Hollande, Sapin et consorts espèrent faire avaler une drôle de couleuvre : en naturalisant un compromis, sans arbitrage réel, nous nous trouverions dans une société où les antagonismes, la conflictualité sociale n’existeraient pas parce qu’il suffirait de ne pas y croire (postmodernisme quand tu nous tiens). Anyway.
Comme l’ont bien rappelé les camarades de la CGT dans le schéma (huhu) suivant, deux syndicats, représentant la majorité (relative) des suffrages exprimés aux prud’homales de 2008, n’ont pas signé cet accord. A ceux deux syndicats (CGT et CGT-FO) on peut probablement ajouter SUD, qui n’étant pas considéré comme représentatif, n’a pas participé aux négociations. Avec les voix des gauchistes on atteint les 52% pour le camp du « non »
la CGT. Désolé pour les droits toussa.
On peut légitimement penser que SUD (3% des voix) aurait voté contre. On est donc à plus de 52% contre l’accord… Well.
Bon je vais vous faire grâce de l’analyse détaillée des mesures ; des gens le font (once again) bien mieux que moi. Je me permettrai uniquement de dire que la flexl-sécurité c’est un peu l’équivalent à l’emploi de ce qu’est le fond Qatari à la politique de la ville : le degrés -150 de l’imagination politique. Le Vieux Alt se contente ainsi de vous proposer quelques lectures :
–http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-01-17-Droit-social
–http://www.humanite.fr/social-eco/l-accord-sur-l-emploi-le-ridicule-en-plus-du-desho-513284
et ici : http://www.humanite.fr/social-eco/historique-513053
(ou parce que je ne suis pas sectaire le blog de Gerard Filoche, je vous laisse le chercher, et si vous avez de la chance ,au bout d’un moment, il viendra commenter vos propres statuts sur les réseaux sociaux. Gérard si tu me lis…).
Enfin, parce qu’on est jamais trop prudent, rappelons-nous de cette tribune, datée, contre une annonce de Nicolas Sarkozy mais qui peut aussi concerner certaines velléités de François Hollande dans ces moments de faiblesse (sociale) :
–http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/26/les-accords-competitivite-emploi-ou-la-fin-du-droit-du-travail_1674925_3232.html
Peut être que ces quelques lectures permettront à certains/certaines de relativiser un peu la portée historique, positive parce que moderne et moderne parce que positive, de ce dit accord.
Bref tout çà pour dire qu’on a un accord qui arrange bien le gouvernement, souhaitant donc le faire adopter le plus vite possible et qui permet à Françoise Fressoz du Monde de se gargariser à peu de frais sur la prétendue « modernité » des réformistes (sic) qu’elle soutient contre les méchants révolutionnaires archaïques (re-sic). Toujours dans so-called journal de référence, Arnaud Leparmentier, se permet même de dire qu’on est sur la bonne voie pour avoir un marché du travail similaire à l’Allemagne, où les travailleurs précaires allemands vivent moins bien que nos chomeurs. « Sinon, en Allemagne de l’Est il y a quelques décennies, Arnaud, il n’y avait pas non plus de chômage. C’était le paradis ».
Une fois encore je me fais avoir par mes propres digressions. Résumons : on a un accord, légal (sauf dispositions spécifiques, cf infra), mais dont la légitimité politique est faible. Pour le gouvernement de gôche social-démocrate, cet accord est la panacée du dialogue social (non conflictuel il va de soit, selon la jurisprudence Cahuzac). Prenons cela avec humour, et imaginons à quoi ressemble la vision de la société et de la politique du coté des locataires de Bercy :
Avec le chapeau : Arnaud, qui sort des lapins crétins de celui-ci pour attaquer les patrons tout pas bôs. En rouge Mosco, en jaune Benoit (this is a joke, c’est de l’humour, je me devais de le faire, pas taper) et en violet Jérôme-le-beau-gosse.
et de la Rue de Grenelle :
Michel Sapin et Laurent Berger font du gloubiboulga avec le code du travail
La FSU où le corporatisme majoritaire ? Seriously ?
Maintenant que nous avons étudié la théorie du dialogue social moderne, attardons nous sur un nouveau cas pratique.
Hypothèses initiales : Selon les règles de la social-démocratie new look et vachement post moderne, un accord minoritaire se doit d’être traduit dans la loi (i.e expression de la volonté générale, même si bon voilà quoi). En outre, et à moins de souhaiter l’échec de la gauche (insère ici, ô lecteur, tout élément de langage habituel que tu as maintes fois entendu dans la bouche par exemple de J-C Cambadelis), on devrait s’en accommoder. Soit. Oui mais voilà la loi sur les rythmes scolaires est arrivée.
démonstration :
-elle ne fait pas réellement l’unanimité, au titre de ses modalités d’application (personne ne contestant la nécessité de revoir les rythmes dans les classes). Pour ne pas rentrer sur le fond du sujet (une habitude n’est ce pas ?), le Vieux Alt aime outsourcer ses analyses, plutôt que de jouer au pipotron. Qui plus est les partenaires sociaux présentent les choses mieux que moi donc je vous propose encore un peu de lecture :
http://www.snuipp.fr/Rythmes-ou-en-est-on.
Ainsi le CSE (le truc là qui donne son avis sur les réformes de l’éduc et qui rassemble un peu tout le monde) a vu uniquement 5 des personnes qui y siègent soutenir le projet (sur 48 votants potentiels).
-la majorité des syndicats (SNUipp-FSU, Snudi-FO, SE-Unsa, Sud-Education, Cnt-SE (sic), CGT Educ’action) de la primaire à Paris ont appelé à une journée de grève contre l’application directe de cette réforme (une fois n’est pas coutume, Libération a presque dit avec un peu d’honnêteté les raisons de la grève : http://www.liberation.fr/societe/2013/01/21/rythme-scolaires-pourquoi-ca-coince-a-paris_875625). Je ne connais pas directement les scores de représentativité au Comité technique ministériel mais bon la FSU (SNUipp), l’UNSA et FO ce sont pour le coup les trois premières organisations représentatives chez les instituteurs en primaire. (edit : en fait on peut trouver facilement les chiffres http://cache.media.education.gouv.fr/vote_electronique_2011/pdf/result_PN615NAT.pdf). Résultat : grève suivie par plus de 85% de la profession.
conclusion :
-du coup, maintenant la démocratie sociale c’est : a) Un accord minoritaire, même s’il est légal, à valeur de loi, à condition que la CFDT le signe. b) Dans tout les autres cas, et notamment quand la CFDT n’est pas d’accord, même lorsqu’elle n’est pas représentative (un peu de moins de 9% des suffrages exprimés chez les instits), les syndicats qui sont eux majoritaires, sont nécessairement « corporatistes ».
Les amis il nous reste du chemin
Edit 2: http://www.liberation.fr/societe/2013/01/24/rythmes-scolaires-les-accusations-de-corporatisme-contre-les-enseignants-sont-injustes_876401