Détente

Aujourd’hui prêtons nous à un exercice de décryptage politique. Le 25 janvier, Jean Luc Mélenchon était l’invité de Ruth Elkrief. Cette dernière a su faire étalage de sa nullité cosmique lors de cette interview (ne ressemble d’ailleurs elle pas à notre ministre de la santé bien aimée ?). Il y aurait beaucoup de choses à dire justement de cette prestation, pathétique au demeurant, mais le Vieux Alt souhaite se focaliser sur le discours du leader maximo (aucun respect ce Vieux Alt)

« Je ne m’intéresse pas aux superstructures qui ne sont pas représentatives de notre société »

C’est beau non ? L’Avant Propos de la Contribution à la critique de l »économie politique expliqué à cette enfant de journaliste (oups ça m’a échappé).

« Ce à quoi nous devons travailler c’est à ce que l’idée d’égalité devienne majoritaire dans la société, (…), nous sommes dans une bataille très culturelle, (…) mais en faisant attention à convaincre »

Pas la peine d’en rajouter. Mes lecteurs assidus auront compris que J.L Mélenchon a décidé de parler de mon pote Gramsci. Il aurait pu causer un peu des appareils idéologiques d’Etat aussi pour la forme hein. Non mais voilà quoi. Du coup je suis un peu jaloux. Quitte à utiliser le classiques autant le faire convenablement.

Mais bon le camarade Antoine Anne Bernard Émile Jean Louis Alexandre Antoine Lapeyre de Michaud de Ca…, pour ceux qui le connaissent, dirait « Mec, il faut mener la bataille idéologique, mec ». On est donc dans l’ordre des choses finalement.

And last but not least :

« (…) Quand on est élu à gauche, on est élu sur une rupture, on est pas élu dans la continuité. C’est cette rupture qu’il faut faire voir les français et pour convaincre ».

 Du Mit-rand comme on dit de par chez le Vieux Alt dans le texte. Genre ici :Congrès d’Epinay (1971) : François Mitterrand – Vidéo Dailymotion.

Une conclusion s’impose : ce jour là Mélenchon a décidé de se faire plaisir et de caler un maximum d’éléments de langage. Le pire c’est que cela reste compréhensible pour le commun des mortels.
bel effort, ce mandarin de Vieux Alt ne peut qu’apprécier… 
ps : me contacter si vous voulez faire la connaissance du Camarade De Cab…

Du dialogue social en France

Le Vieux Alt n’a jamais été un grand fan du sieur Alexis de Tocqueville mais bon, je dois admettre que ce bon libéral science po-compatible  bien lisse avait la classe pour trouver des titres qui en jettent. Le Vieux Alt, bien moins créatif, s’en va donc utiliser son ouvrage le plus fameux pour en faire un titre foireux (on commence fort ce matin)

J’ai déjà eu l’occasion de diretout le mal que je pensais  vous faire part de mon appréciation de l’action du gouvernement de Jean Marc Schmidt et je voulais varier la teneur des articles sur ce blog. Cependant il faut bien reconnaitre que celui-ci ne nous laisse pas l’occasion de ne pas parler de son (in)action ; et ce ne serait-ce même qu’une seule semaine. Et donc nous allons nous mettre on the road again vers les sommets de l’analyse de la sociale-démocratie (ou pas).

Un accord qui fait rire Jaune le Vieux Alt 

Il y a donc de cela presque une semaine un accord historique a été « trouvé » (comme par magie) entre les organisations patronales et les syndicats, minoritaires, que sont la CGC, la CFTC, et la CFDT. Disons le tout de go, même avec les réformes de la représentativité (loi du 20 aout 2008) l’accord n’a rien d’illégal. C’est sa légitimité que l’on peut remettre en cause ; et c’est surtout l’arbitrage unilatéral que souhaite imposer le gouvernement, la majorité du PS et les groupes socialistes et apparentés des chambres parlementaires (on notera au passage que les rapporteurs de la loi seront les présidents des deux groupes respectifs ; c’est dire si à Solfé et à Matignon on veut aller vite tout en marquant le coup sur ce sujet). Il est ainsi prévu que la loi retranscrive à la virgule près cet accord. Ainsi, et nonobstant le deuxième outil, politique cette fois ci, dont dispose la gauche pour peser sur l’organisation de la société, Hollande, Sapin et consorts espèrent faire avaler une drôle de couleuvre : en naturalisant un compromis, sans arbitrage réel, nous nous trouverions dans une société où les antagonismes, la conflictualité sociale n’existeraient pas parce qu’il suffirait de ne pas y croire (postmodernisme quand tu nous tiens). Anyway.

Comme l’ont bien rappelé les camarades de la CGT dans le schéma (huhu) suivant, deux syndicats, représentant la majorité (relative) des suffrages exprimés aux prud’homales de 2008, n’ont pas signé cet accord. A ceux deux syndicats (CGT et CGT-FO) on peut probablement ajouter SUD, qui n’étant pas considéré comme représentatif, n’a pas participé aux négociations. Avec les voix des gauchistes on atteint les 52% pour le camp du « non »

la CGT. Désolé pour les droits toussa

la CGT. Désolé pour les droits toussa.
On peut légitimement penser que SUD (3% des voix) aurait voté contre. On est donc à plus de 52% contre l’accord… Well.

Bon je vais vous faire grâce de l’analyse détaillée des mesures ; des gens le font (once again) bien mieux que moi. Je me permettrai uniquement de dire que la flexl-sécurité c’est un peu l’équivalent à l’emploi de ce qu’est le fond Qatari à la politique de la ville : le degrés -150 de l’imagination politique. Le Vieux Alt se contente ainsi de vous proposer quelques lectures :

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-01-17-Droit-social

http://www.humanite.fr/social-eco/l-accord-sur-l-emploi-le-ridicule-en-plus-du-desho-513284

et ici : http://www.humanite.fr/social-eco/historique-513053

(ou parce que je ne suis pas sectaire le blog de Gerard Filoche, je vous laisse le chercher, et si vous avez de la chance ,au bout d’un moment, il viendra commenter vos propres statuts sur les réseaux sociaux. Gérard si tu me lis…).

Enfin, parce qu’on est jamais trop prudent, rappelons-nous de cette tribune, datée, contre une annonce de Nicolas Sarkozy mais qui peut aussi concerner certaines velléités de François Hollande dans ces moments de faiblesse (sociale) :

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/26/les-accords-competitivite-emploi-ou-la-fin-du-droit-du-travail_1674925_3232.html

Peut être que ces quelques lectures permettront à certains/certaines de relativiser un peu la portée historique, positive parce que moderne et moderne parce que positive, de ce dit accord.

Bref tout çà pour dire qu’on a un accord qui arrange bien le gouvernement, souhaitant donc le faire adopter le plus vite possible  et qui permet à Françoise Fressoz du Monde de se gargariser à peu de frais sur la prétendue « modernité » des réformistes (sic) qu’elle soutient contre les méchants révolutionnaires archaïques (re-sic).  Toujours dans so-called journal de référence, Arnaud Leparmentier, se permet même de dire qu’on est sur la bonne voie pour avoir un marché du travail similaire à l’Allemagne, où les travailleurs précaires allemands vivent moins bien que nos chomeurs. « Sinon, en Allemagne de l’Est il y a quelques décennies, Arnaud, il n’y avait pas non plus de chômage. C’était le paradis ».

Une fois encore je me fais avoir par mes propres digressions. Résumons : on a un accord, légal (sauf dispositions spécifiques, cf infra), mais dont la légitimité politique est faible. Pour le gouvernement de gôche social-démocrate, cet accord est la panacée du dialogue social (non conflictuel il va de soit, selon la jurisprudence Cahuzac). Prenons cela avec humour, et imaginons à quoi ressemble la vision de la société et de la politique du coté des locataires de Bercy :

Avec le chapeau : Arnaud, qui sort des lapins crétins de celui-ci pour attaquer les patrons tout pas bô. En rouge Mosco, en jaune Benoit (this is a joke) et en violet Jérôme-le-beau-gosse.

Avec le chapeau : Arnaud, qui sort des lapins crétins de celui-ci pour attaquer les patrons tout pas bôs. En rouge Mosco, en jaune Benoit (this is a joke, c’est de l’humour, je me devais de le faire, pas taper) et en violet Jérôme-le-beau-gosse.

 

et de la Rue de Grenelle :

Michel Sapin et Laurent Berger font du gloubiboulga avec le code du travail

Michel Sapin et Laurent Berger font du gloubiboulga avec le code du travail

La FSU où le corporatisme majoritaire ? Seriously ? 

Maintenant que nous avons étudié la théorie du dialogue social moderne, attardons nous sur un nouveau cas pratique.

Hypothèses initiales : Selon les règles de la social-démocratie new look et vachement post moderne, un accord minoritaire se doit d’être traduit dans la loi (i.e expression de la volonté générale, même si bon voilà quoi). En outre, et à moins de souhaiter l’échec de la gauche (insère ici, ô lecteur, tout élément de langage habituel que tu as maintes fois entendu dans la bouche par exemple de J-C Cambadelis), on devrait s’en accommoder. Soit. Oui mais voilà la loi sur les rythmes scolaires est arrivée.

démonstration : 

-elle ne fait pas réellement l’unanimité, au titre de ses modalités d’application (personne ne contestant la nécessité de revoir les rythmes dans les classes). Pour ne pas rentrer sur le fond du sujet (une habitude n’est ce pas ?), le Vieux Alt aime outsourcer ses analyses, plutôt que de jouer au pipotron. Qui plus est les partenaires sociaux présentent les choses mieux que moi donc je vous propose encore un peu de lecture :

http://www.snuipp.fr/Rythmes-ou-en-est-on.

Ainsi le CSE (le truc là qui donne son avis sur les réformes de l’éduc et qui rassemble un peu tout le monde) a vu uniquement 5 des personnes qui y siègent soutenir le projet (sur 48 votants potentiels).

-la majorité des syndicats (SNUipp-FSU, Snudi-FO, SE-Unsa, Sud-Education, Cnt-SE (sic), CGT Educ’action) de la primaire à Paris ont appelé à une journée de grève contre l’application directe de cette réforme (une fois n’est pas coutume, Libération a presque dit avec un peu d’honnêteté les raisons de la grève : http://www.liberation.fr/societe/2013/01/21/rythme-scolaires-pourquoi-ca-coince-a-paris_875625). Je ne connais pas directement les scores de représentativité au Comité technique ministériel mais bon la FSU (SNUipp), l’UNSA et FO ce sont pour le coup les trois premières organisations représentatives chez les instituteurs en primaire. (edit : en fait on peut trouver facilement les chiffres http://cache.media.education.gouv.fr/vote_electronique_2011/pdf/result_PN615NAT.pdf). Résultat : grève suivie par plus de 85% de la profession.

conclusion : 

-du coup, maintenant la démocratie sociale c’est : a) Un accord minoritaire, même s’il est légal, à valeur de loi, à condition que la CFDT le signe. b) Dans tout les autres cas, et notamment quand la CFDT n’est pas d’accord, même lorsqu’elle n’est pas représentative (un peu de moins de 9% des suffrages exprimés chez les instits), les syndicats qui sont eux majoritaires, sont nécessairement « corporatistes ».

Les amis il nous reste du chemin

Edit 2: http://www.liberation.fr/societe/2013/01/24/rythmes-scolaires-les-accusations-de-corporatisme-contre-les-enseignants-sont-injustes_876401

Petites âneries en tout genre

Hier soir se tenait « le » débat tant attendu entre Jerôme Cahuzac et Jean-Luc Mélenchon dans l’émission de Y Calvi du stupide animal : Mot Croisé. A première vue c’est un peu le débat entre les frères ennemies que tout opposent : l’un est le produit des appareils politiques, et est passé par les cases traditionnelles du militants politique de la gauche non communiste des années 70-80, tendance lambertiste ; l’autre est médecin, rocardien, et est entré au Parti Socialiste grâce à son respectable vosin du Vème arrondissement, le professeur de droit public de Nanterre, Guy Carcassonne. Destins croisés, que le Vieux Alt, qui n’est et n’a été ni lambertiste ni rocardien et encore moins médecin, vous propose de regarder d’un peu plus près.

Le sens des mots 

J Cahuzac est aujourd’hui au coeur d’une « affaire », sur laquelle Alt, qui n’a jamais été Suisse, ne peut se prononcer. Ceci étant dit, le fait d’aller aux charbons était peut être un moyen pour lui d’être de retour dans une posture plus politique et moins polémique. Peu importe. En tout état de cause, ce débat, de qualité sur le fond, très pernicieux sur la forme, a tenu en haleine ce Vieux Alt qui n’était plus habitué à écouter de la vraie politique pendant plus d’une heure 15.

L’imagination n’est (plus) au pouvoir (bis repetita) ?

Pour Alt, la question n’est pas tant de discuter d’une orientation budgétaire générale qui semble désastreuse (des gens très bien le font ici http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/?p=1602 par exemple) ou de disserter sur les causes de la crise (ibid : A la source de la crise : la baisse de la part salariale) que de souligner combien Jérôme Cahuzac, malgré toutes les bonnes volontés du monde reste cantonné dans le rôle dans lequel il s’est auto-légitimé, celui du bon député « techno », dans le sens péjoratif du terme, qui ne questionne, et ne questionnera jamais les éléments qui lui apparaissent comme « des évidences ». On peut ainsi souligner des phrases d’une terrible vacuité politique, mais ô combien révélatrices des blocages psychologiques en oeuvre chez ceux qui n’osent plus dire non à un système dont on mesure pourtant plus que jamais l’iniquité :

Toute mesure d’ajustement budgétaire a une conséquence  de nature récessive, je le conteste évidemment pas. Et si nous avons fait davantage de choc fiscal que de choc d’économie dans la dépense c’est parce que, sur le court terme, on pense que cette disposition là, ce mélange entre l’économie dans la dépense et  la fiscalité, est moins récessive que ne serait l’inverse. Sur le long terme et le moyen terme en revanche nous pensons que c’est l’inverse  ; nous pensons qu’il vaut mieux faire des économies dans la dépense que d’augmenter les impôts. C’est la raison pour laquelle on augmente les impôts d’abord tout en faisant des économies puis progressivement nous ferons de plus en plus d’économie dans la dépense.  (…)

 et plus loin :

On a une divergence pour un certain nombre de raisons qui me tiennent à coeur (…) Malheureusement pour financer la dette il faut emprunter et aller sur les marchés financiers, je dis bien malheureusement(…) » (s’en suit une longue tirade sur l’Europe qui « impose tout » dont le Vieux Alt se fait grâce pour éviter les affres de la retranscription)

On signale que les cendres de Keynes dispersée dans sa dernière demeure du Sussex ont pris la forme d’un fantôme hier soir hurlant « Cahuzac Cahuzac »

Ces deux citations (ok extraites de leur contexte et tutti frutti) illustrent :

-l’absence totale d’une pensée de politique économique dans l’esprit de Jérôme Cahuzac. En effet être médecin (sans haine aucune de cette profession en soit), ne jamais avoir réellement milité dans une organisation politique (au sens aller sur le terrain, se confronter à la réalité) et n’avoir pour formation politique « que » l’exercice technocratique de la commission des finances de l’Assemblée ca donne… çà. Un mélange d’imbécilités proférées sur le ton de la vérité absolue. Evidemment que tout ajustement budgétaire (à la baisse, sic) a un effet récessif. Cependant deux questions restent en suspend: a) où sont faites les réductions budgétaires b) le coef mutliplicateur est-il supérieur à 1? En somme toute réduction budgétaire par effet macro va fragiliser les plus modestes et les salariés. Mais vont-ils être frappés deux fois (par exemple diminution des minimas sociaux et effet récessif) ou « une seule fois » (effet récessif avec par exemple des diminutions dans certaines dépenses peu socialement productives). Notons à titre d’anecdote (re-sic), qu’une substitution et une orientation du crédit public d’un secteur à l’autre permet aussi, à budget constant, de mieux allouer socialement les ressources (mais bon bref passons). Cependant, et comble de l’ironie, le Chief Economist du FMI (Olivier pour les intimes) l’a reconnu aujourd’hui : ce coefficient est  élevé en ce moment et amplifie la crise. Et puis un effet négatif sur la croissance, passe encore (façon de parler) quand celle-ci est au rendez-vous, mais quand la réduction aussi juste soit elle entraine le passage de la stagnation à la récession, ca augmente le déficit, et ce, quelque soit la valeur du coefficient, par simple mécanisme social : qui dit chômage dit allocations chômage et baisses des rentrées fiscales. On a encore un semblant d’Etat social dans ce pays, réjouissons nous que quand l’activité diminue, les dépenses augmentent…

-si malheureusement, comme le dit Cahuzac, on est obligé de se financer sur les marchés secondaires, alors peut être que la priorité devrait être de modifier la règle du jeu non ? Si Hollande avait dit « je vais autoriser les banques centrales à prêter directement aux Etats » (notons à ce titre la bourde de Cahuzac sur le lien entre indépendance des banques et opérations de monétisation), alors que peut-être, le temps que la situation évolue on aurait pu accepter que, temporairement, on se plie un peu aux exigences des « marchés » (et encore, rien n’est moins sur, parce qu’une telle annonce rend nécessaire sa réalisation la plus rapide possible et pour éviter tout dérapage de ces dits marchés). Mais non non on reconnait que la règle est stupide et bloque la réalisation de notre programme (et c’est vrai) alors NE CHANGEONS PAS LA RÈGLE. En fait Jérôme Cahuzac c’est un shadoks trotskiste.

Enfin on notera que Jérôme Cahuzac a mal compris comment on fait pour faire des politiques contra-cyclique. Hé ! Jérôme en période de croissance TU AUGMENTES LES IMPOTS ET TU UTILISES L’OUTILS MONÉTAIRE POUR LIMITER L’INFLATION (POLICY MIXT), PÉRIODE DE CRISE TU DIMINUES L’IMPOSITION (AU MOINS LA TVA) ET TU RELACHES LES TAUX D’INTERETS. Putain, le Vieux Alt se fache (la dernière fois il en a étranglé quelqu’un) mais là c’est l’inverse que tu fais ! L’auteur de Lire le Capital et de Pour Marx en est réduit à enseigner la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de façon sommaire à un socialiste. Ironie de l’histoire, où comme le disent les chinois de Chine, Puisses tu vivre une époque intéressante. 

Des voeux, pieux, dans le coeur

Rallumons les étoiles mais surtout pointons du doigt les errances de François et Jean Marc. Telle est en substance la portée que revêt la vidéo des « voeux du PC ».  Ces voeux dérogent à plus d’un titre à l’exercice imposé qu’ils revêtent habituellement et sempiternellement d’années en années.

53920291-jpeg_preview_largeNotons tout d’abord ce que ces voeux ne se résument ni à la liste de course de ce qu’il faudra faire dans l’année qui s’ouvre à nous, ni à une utilisation, un recyclage, des réflexes hérités de expériences passées de la gauche au pouvoir. Non, ces voeux, en réalité, montrent que dans la démarche du Front de Gauche, du PCF et de ses militants, ce sont de nouvelles pratiques, un nouvel ethos politique  (hey this is a Alt User blog, what did you expect ?) qui est sur la table de travail. Et je ne peux qu’être surpris des réactions officielles du PS via le communiqué de presse de Harlem Désir et des réactions plus spontanées de certains camarades socialistes sur les réseaux sociaux.

Rappelons tout d’abord qu’il est médiocre intellectuellement de penser que les militants du Front de gauche souhaiteraient « l’échec »de la gauche ». Personne n’est dans cette position. Et tout, ce que nous nous accordons tous à dire c’est que la gauche (dans toute sa pluralité) désavouée, c’est la droite renforcée. Pourtant (après le vote utile), le pari de l’échec est le nouveau leitmotiv des dirigeants socialistes. Incantatoire, il leur permet de se défausser de leurs responsabilités à moindre prix. « Vous n’êtes pas au gouvernement, si vous y étiez les choses se feraient différemment mais vous vous positionnez uniquement comme un recours, vous pariez sur l’échec de la gauche » et autres syllogismes au gout variable. Cette assertion ne résiste cependant pas à l’analyse des faits. Elle entend à oublier :

  • que les élus du Front de gauche (et du PC) à l’Assemblée et au Sénat ont proposé plus de 50 amendements au PLF et au PLFSS, dont beacoup reprennés des textes que le groupe socialiste avait voté lors de l’ancienne mandature
  • que François Hollande avait bien stipulé pendant sa campagne que c’est son programme qu’il appliquerait, à la lettre, et qu’il fallait se ranger derrière celui-là
  • que la réduction du déficit public (i.e la rigueur) constitue le coeur de son action politique de gouvernement

A partir de ces trois éléments, la situation, le diagnostic est assez clair : l’actuel gouvernement socialiste ne reconnait pas la légitimité des partenaires de gauche et ne souhaite pas en soit aller ne serait ce qu’une once dans leur direction. La conséquence logique qu’en tire aujourd’hui le Front de gauche, ses partis et ses militants, est relativement simple : sans rapport de force, il ne peut y avoir de changements. Et pour le moment, le choix politique assumé de rigueur par le gouvernement ne va pas dans le  sens d’une union de la gauche (euphémisme à peine cachée). Ainsi ces voeux, une fois analysée dans la perspective à laquelle ils sont destinés, doivent permettre de faire fructifier un rapport de force sur un gouverement qui non seulement n’a pas souhaité engager de véritable collaboration avec les autres forces de gauche, mais qui n’assume pas non plus les (rares) bouffées d’oxygène que contenait un programme qu’il était légitime de juger bien insuffisant dés la campagne et avant le rabotage issu de la pratique réaliste (sic) du pouvoir.

 

Well. Evidemment il aurait été plus facile de faire comme si de rien n’était, comme si les anciens réflexes issues du programme commun, de 1981, de 1997 de la gauche plurielle pouvait s’appliquer, véritables deus ex machina du bon militant progressiste. Malheureusement (ou pas) les temps ont un peu changé : la crise de 2007 (et de 2002, qui lui est liée), et les derniers événements ne font qu’illustrer des modifications de plus long terme du système capitaliste.

Et les copains la situation n’est plus la même. Alors, et sans préjuger des réponses qu’on doit apporter et inventer, au moins ne jeter pas la pierre à ceux qui essaient un peu de sortir de la nasse. Parce que là j’ai l’impression qu’on patine un peu dans la semoule (comprenne qui voudra/pourra).

Par où commencer ?

Article de fond ou micro-blogging ? Trollage ou tentative de production d’articles de plus moins bonne qualité ? Vaste mais néanmoins délicate question…

Que faire alors, comme dirait l’autre ? 

Et bien probablement un mélange des deux. Mais pour le moment essayons d’écrire convenablement des idées un tant soit peu intéressantes. Nous ne sommes pas morts en décembre, contre toute attente, même si à long terme nous sommes tous condamnés, alors mettons à profit le temps dont nous disposons

Afin de nager en plein doute, une nouvelle discipline la brasse c(l)oué-e : 

Hier soir, pour la première fois depuis de longues années (plus de 15 ans) un Président de gauche (ou bien gauche, gôche, ou whaterever you want) s’est livré au terrible exercice des voeux. Que retenir de ce passage obligé ? Qu’en penses le Vieux Alt, lui qui en a vu d’autres ? Et bien à vrai dire pas grand chose, ou si peu. Tour d’horizon à partir du CP de l’Elysée (http://www.elysee.fr/declarations/article/v-ux-aux-francais/)

Mais ce soir je veux vous dire ma confiance dans notre avenir : la zone euro a été sauvegardée et l’Europe a enfin mis en place les instruments de stabilité et de croissance qui lui manquaient. Ce résultat semblait, il y a encore 6 mois, hors de portée. Il a été atteint.

Admettons que la zone euro soit temporairement sauvée (ce qui reste à démontrer, rien de bien fondamental n’a été réglé, et tout au plus, le big collapse a été évité). Peut on cependant réellement penser que l’Europe se soit dotée d’outils de croissance ? A priori 2013 sera la seconde année de récession pour la zone Euro/l’Europe après 2009 (comme rappelé par exemple ici: http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/?p=3065, et ce, de façon très très feutrée), et le fait qu’un gouvernement de gauche se gosse (NDLR : quel jeu de mot) d’arriver à mener cette politique, qui choque la très keynésienne OFCE, ne me rassure pas. Comme on l’a vu avec le Pacte de compétitivité, François, Jean Marc et Pierre sont plus convaincus que jamais que « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain ». Pourtant après 5 ans d’échec de cette politique dans l’ensemble de la zone euro, on pourrait s’attendre à un peu plus d’inventivité de la part des tenants du « réalisme économique ». D’ailleurs ces derniers ne s’y sont pas trompés en rappelant benoitement qu’il fallait redonner, dès 2013, des marges de manoeuvre aux entreprises grâce à un crédit d’impôt de 20Mds euros pour leur permettre d’embaucher, d’investir et d’exporter. Vous m’en direz tant..

auteur : Demme, Dieter Licence CC

Jean Marc Schmidt ?

Auteur : Flickr: jmayrault Sous licence CC

ou Helmut Ayrault ?

Mais ne les blâmons pas et rappelons nous que Helmut Schmidt a peu ou prou la même coupe de cheveux que notre actuel premier ministre. Et ce n’est pas la seule ressemblance entre les deux hérauts (huhu) de la social démocratie du XXI siècle…

La troisième, c’est la maîtrise de la finance : la Banque publique d’investissement est créée, la prochaine loi bancaire nous préservera de la spéculation et la taxe sur les transactions financières sera introduite au niveau européen dès l’année prochaine.

Ici encore, on pourrait sourire si la situation n’était pas si grave. Le Vieux Alt vous propose donc un petit aperçu journalistique que le projet de loi, présenté en Conseil des ministres, a suscité :

Rappelons nous, dans le même temps, que les pays de l’UE ont aidé les banques à hauteur de 1600 milliards d’euro (13% du PIB) depuis le déclenchement de la crise. Finalement, cette loi n’est qu’une simple farce (nous y reviendrons) destinée à berner ceux qui veulent bien croire aux volontés ultra-régulatrice du gouvernement. Au final, c’est toujours Michou Pébereau (et consorts) qui est (sont) aux manettes : lobbiyng, présence dans les instances, notamment le Coréfris (conseil de régulation financière et du risque systémique), la liste est longue. Et si on ajoute à cela l’empathie mutuelle que se vouent   ces hauts fonctionnaires endogames, il est alors facile de se rappeler, comme j’aime à le dire, que si les Appareils idéologiques d’État sont (…) non seulement l’enjeu, mais aussi le lieu de la lutte des classes, alors François Hollande est bien loin de mener la bataille culturelle que mon poto Gramsci appelait de ses voeux au sein des superstructures… 

Mais continuons, show must go on :

C’est le sens de la contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus qui sera réaménagée, suite à la décision du Conseil Constitutionnel, sans changer son objectif.

C’est vrai tiens, une réforme ultra-minimaliste qui prévoyait de faire passer le taux marginal de 45% à 75% sera réellement une grandiose avancée vers une meilleure régulation des inégalités économiques. D’ailleurs on notera que « la contribution » restera exceptionnelle, comme çà hein si jamais on va un peu mieux en 2014 (sic), on pourra éviter qu’elle soit de nouveau rétorquée, même si c’est pratique pour ne pas assumer en faire l’économie. Et puis c’est vrai, on réduit les dépenses de l’Etat, il ne manquerait plus que la réforme portant sur les hauts revenus permettent de dégager des moyens financiers, non mais ô, si on commence à réduire le déficit en augmentant les recettes, quelle justification a on pour diminuer les dépenses ? Hein je vous le demande moi.

Ce cap sera tenu. Contre vents et marées. Je n’en dévierai pas. Non par obstination, mais par conviction.

C’est peut être le pire. A l’heure où même le FMI publiquement commence à se dire qu’une réduction insensée du déficit, via une politique de rigueur budgétaire, monétaire et salariale, est un peu stupide, que finalement Keynes n’est pas complètement enterré ; à l’heure où l’on pourrait s’interroger sur la  place à donner à l’Etat pour enclencher des transformations de nos modes de production, et où l’on voit plus que jamais comment la dépense publique « brute » peut servir les intérêts capitalistes, continuons à aller droit dans le mur. la Cour des compte est in da place et les copains c’est pas demain que l’imagination sera au pouvoir manifestement. Est ce que la récession en France et en Europe va être pus meurtrière que l’ennuie qui nous guète, rien n’est moins sur…

Ceci n’est pas un blog :

Acte 1 : Je suis le Vieux Alt (User). En réalité je ne suis pas (si) vieux mais bien entendu je suis aigri. Aigri par le vieux monde qui n’en finit pas de mourir et aigri parce que le nouveau tarde à naître. Et finalement, parce que l’aigreur ne mène pas à grand chose, et parce que se défouler c’est chouette je me suis dit que c’était pas si mal d’essayer d’écrire mes bêtises plutôt que de ruminer et d’embêter mes proches.

Acte 2 : Être aigri tout seul dans son coin c’est chouette, être aigris à plusieurs c’est mieux. Par conséquent, et parce que le vieux Alt-usé que je suis à quand même des amis, ces derniers sont vivement sollicités pour participer à ce blog…

Acte 3 : Et finalement, en fait, le jeune Alt-(pas)-usé revient dialectiquement à la surface. De plus,  étant donné que tout n’est pas gris comme un édito du Monde, et que fondamentalement le cynisme ne mène à rien, ce blog peut être également un tant soit un peu encourageant, et parlera aussi de trucs rigolos :).

Acte 4 : to be continued…

et finalement n’oublions pas qu’il faut allier le pessimisme dans l’intelligence avec l’optimisme de la volonté, comme dirait l’autre.